Tuesday, March 19, 2024


« Écrire l’histoire de l’Afrique »     
Jeudi 30 juin 2022

Tirailleurs sénégalais, les colonies au service de la France (épisode 3/3 du podcast "Écrire l’histoire de l’Afrique")

Photo prise le 4 décembre 1939, elle montre des tirailleurs sénégalais à l'instruction dans un camp d'entraînement dans les colonies françaises en Afrique ©AFP - Photographe inconnu / ARCHIVES

Le décret du 21 juillet 1857 signé par Napoléon III marque la création du corps des tirailleurs sénégalais. Incités ou contraints de s'enrôler, quelle place occupaient-ils dans l'armée coloniale ? Comment retracer leur expérience quotidienne, tant sur le continent africain qu'européen ?

Avec
  • Anthony Guyon Historien, enseignant à Sciences Po Paris, spécialiste d'histoire militaire et des sociétés coloniales à l'époque contemporaine

Le 21 juillet 1857, l’empereur Napoléon III se trouve à Plombière, pour une cure. Ah, Plombière ! Les Vosges, les beaux paysages, la ville d’eau, et sa glace, avec des fruits confits et du kirsch. Il signe un décret : "Napoléon, par la grâce de Dieu et la volonté nationale, Empereur des Français, sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d’État au Département de Marine et des Colonies, le Conseil d’Amirauté entendu, avons décrété et décrétons ce qui suit : il sera formé au Sénégal un corps d’infanterie indigène sous la dénomination de tirailleurs sénégalais. Ce corps, composé de quatre compagnies ayant chacune trois officiers, sera commandé par un chef de bataillon."

Qui sont les tirailleurs sénégalais ? Viennent-ils tous du Sénégal ? Quelle place occupent-ils dans les mémoires des pays africains ?

Qui sont les tirailleurs sénégalais ?

Créé en 1857 par un décret impérial, le corps des tirailleurs sénégalais recrute des combattants subsahariens pour faciliter l’implantation française en Afrique et participer à l’expansion de son empire colonial. Le terme "sénégalais" cache une toute autre réalité : les soldats sont originaires de diverses régions d’Afrique et parlent souvent des langues différentes.

"La spécificité des tirailleurs sénégalais, c'est que ce sont des fantassins à toutes les guerres. On estime que le tirailleur n'est pas assez habile, n'est pas assez intelligent pour passer à l'artillerie, on privilégie les Indochinois. Je crois que la spécificité des tirailleurs sénégalais, au-delà des ces deux termes qui ne recouvre pas la totalité de leur réalité, c'est vraiment qu'ils sont au cœur du combat, ils sont toujours dans les premières lignes", nous explique l'historien Anthony Guyon.

D’abord troupe d’appui ou d’appoint, le corps des tirailleurs sénégalais se transforme en force combattante à part entière, dont les soldats sont reconnaissables à leur chéchia rouge, emprunté aux tirailleurs algériens.

L'arrivée des tirailleurs sénégalais en France

Uniques soldats subsahariens à avoir combattu sur le sol européen lors des deux conflits mondiaux – les Britanniques et Allemands y étaient opposés – leur histoire est souvent relatée par le biais de grands événements sur les champs de bataille. Cependant, reconstruire l’histoire intime et banale des tirailleurs sénégalais permet de dresser le portrait des relations complexes qu’ont entretenues les territoires africains colonisés avec l’autorité métropolitaine.

"Au moment de la Première Guerre mondiale, les questions du recrutement se mettent en place, 200 000 tirailleurs sénégalais vont participer à plusieurs combats. On observe pendant la Première Guerre mondiale un distinguo entre les autres puissances européennes qui utilisent tous des troupes coloniales et les Français qui sont les seuls à amener en Europe des soldats noirs", explique encore Anthony Guyon.

"Pendant l'entre deux guerres,  8 à 12 000 hommes sont recrutés par an et on réfléchit un peu mieux à la formation. La formation militaire sera toujours assez médiocre. La formation intellectuelle est aussi présente. Il existe des cours de français et même des cours d'histoire. Ces cours donnent une certaine vision de l'Afrique : une Afrique pleine de ressources, inutilisées par les Africains à cause des guerres intestines.  Heureusement, les Français sont arrivés, ils ont mis fin aux guerres, ils ont aidé à exploiter les ressources. C'est la même chose avec l'instruction civique. On explique aux tirailleurs sénégalais que la France est une terre de liberté, d'égalité, alors qu'on ne le permet pas en Afrique. Il existe tous ces débats, dont sont parfaitement conscients les cadres de l'État major qui y réfléchissent. Jusqu'où doit-on enseigner les valeurs françaises avant que les tirailleurs sénégalais ne les retournent contre nous ? Et dès la Première Guerre mondiale, on a évidemment des Africains qui énoncent certaines contradictions", nous dit Anthony Guyon.

Dès lors, qu’en est-il de l'expérience quotidienne des tirailleurs sénégalais ? Quels liens ont-ils pu maintenir avec leur famille ? Comment ont-ils vécu le déracinement pendant les années de guerre en Europe et le retour au pays ? Quelle place occupent-ils aujourd’hui dans les mémoires des pays africains ?

Thursday, March 14, 2024

 Exposition photographique Les Tirailleurs de la Loire


En partenariat avec la mairie du 18e et l'ONaCVG, l’exposition photographique Les Tirailleurs de la Loire sera présentée dans le hall de la 

mairie du 18e, place Jules-Joffrin 75018 Paris

du 25/03/2024 au 30/03/2024. 

Inauguration de l'exposition le mardi 26/03 à 18 h par monsieur Éric Lejoindre, maire du 18e arrondissement. Intervention artistique d'Ali Wagué qui jouera de la flûte Tambin et procédera à une distribution de noix de Kola pour les adultes et de friandises pour les enfants.

Table ronde et rencontre le mercredi 27/03 à 18h30 sur la thématique :

 1940-1944, les tirailleurs africains : combattants, prisonniers et résistants.

La table ronde sera animée par madame Aïssata Seck (directrice de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage, présidente de l'association pour la mémoire et l'histoire des tirailleurs sénégalais), avec comme participants monsieur Cheikh Sakho (historien), monsieur Martin Mourre (historien chercheur), monsieur Anthony Guyon (historien et enseignant) et monsieur Didier Lauret (concepteur du projet Les Tirailleurs de la Loire).


Le projet Les Tirailleurs de la Loire revisite la trace de la présence des troupes coloniales entre Blois et Gien durant la Seconde Guerre Mondiale. Des combats de 1940, de la détention dans les Fronstalags et les ArbeitKommandos jusqu’à la Libération en 1944, une exposition présente des photos inédites, des objets et des documents d’époque qui permettent de mieux redécouvrir cette histoire oubliée.
À l'appui de cette exposition, un site internet est mis à disposition pour les enseignant(e)s des collèges et des lycées. Des ressources et des fiches pédagogiques sont proposées, permettant d’intégrer cette histoire dans leurs enseignements. Ce portail, accessible librement après inscription, offre également des informations pour les partenaires du projet :

Lieu d'exposition suivant :
Du 12/08/2024 au 24/08/2024
Orléans (45)
Exposition photographique – Maisons des Associations

Sunday, February 25, 2024

Rencontre théâtrale du Carla Bayle

 

Dans le cadre de la 4ème édition de la Rencontre théâtrale du Carla Bayle


 une conférence est programmée le DIMANCHE 24 MARS à 14h30 au Cinéma Le Mas-d’Azil :

Le massacre de Thiaroye : anatomie d’un mensonge d’Etat


Avec Armelle Mabon, historienne, 

qui se bat pour la vérité historique quant au massacre de Thiaroye au Sénégal (1er décembre 1944)


Nota : Cette conférence est aussi programmée jeudi 21 mars à 20h30 au Musée de la Résistance d'Ariège à Varilhes.


Le programme complet


Tuesday, January 30, 2024

  

Éphéméride / C’était en janvier… au camp militaire du Courneau

Publié le 29 janvier 2024 par Fanny Peyrazat


Les hommes des colonies françaises d’Afrique sont mobilisés dès 1914 pour participer aux combats de la Première Guerre mondiales. Toutefois, ces combattants supportent mal les rigueurs de l’hiver européen. Les autorités militaires françaises construisent alors des camps d’hivernage à Fréjus (Var) et à La Teste de Buch. Le Courneau est le nom d’une parcelle de la Grande Montagne de La Teste située sur le côté est de la forêt usagère.

Le camp accueille entre 1916 à 1917 plus de 27 000 hommes. Ces soldats arrivent du Sénégal, Haut-Sénégal et Niger (actuel Mali), de Mauritanie, de Guinée, de Côte-d’Ivoire, du Dahomey (actuel Bénin). Ils sont appelés les bataillons de tirailleurs sénégalais, ils débarquent à Bordeaux et rejoignent La Teste à pied. Des peuples et ethnies différentes se côtoient ; des Bambaras Toucouleurs, Gourmas, Djermas, Wolof, Mandingues apprennent un langage commun dans un français simplifié pour comprendre les ordres et vivre en communauté. Ils reçoivent aussi une instruction militaire.

Le camp comprend 400 baraquements, un hôpital et des lieux d’entrainement. L’aménagement est sommaire, les soldats dorment sur le sol dans les litières rembourrées de pailles et de fougères chauffage poêle à bois. La réputation du climat sain du bassin d’Arcachon aurait dû permettre à ces soldats de passer un hiver loin des rigueurs du front de l’est. Mais les moyens ont manqué pour construire un camp correct. Une puissante humidité imprègne les lieux avec les marécages qui entourent le camp et les recrues contractent des maladies respiratoires. Les tirailleurs sont victimes du pneumocoque, d’affections pulmonaires, de la rougeole, de la tuberculose.

Le camp du Courneau est baptisé le « camp de la misère ».

Blaise Diagne, premier député sénégalais, dénonce au Parlement ces conditions d’hivernage déplorables. Le Service de Santé militaire alerte sur la grande insalubrité du camp et demande entre autre que le sol des baraquements soit surélevé et que des fossés d’écoulement des eaux pluviales soient creusés entre les cabanes. Il recommande même l’évacuation des lieux vers des endroits plus cléments. Plus de 1000 africains sont morts dans ce camp loin du front et de la guerre. La nécropole nationale de la Teste de Buch, situé au lieu-dit Natus, sur le chemin 214, appelé aussi la route des Sénégalais, regroupe les corps de 956 tirailleurs sénégalais, 9 Russes et 2 Français décédés à l’hôpital du camp d’instruction du Courneau.

Ce monument demeure ainsi le seul vestige du camp.

Article de Isabelle Antonutti – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch

 



Éphéméride / C'était en janvier... au camp militaire du Courneau - TVBA


Friday, January 26, 2024

Palais : Macky Sall honore trois tirailleurs

Par: Seneweb News - Seneweb.com | 18 janvier, 2024 à 12:01:27

Palais : Macky Sall honore trois tirailleurs

Trois tirailleurs ont été honorés ce mercredi (17 janvier) au Palais. Ils ont été élevés à la dignité de commandeurs dans l’Ordre national du Lion par le Président Macky Sall. D’après L’AS, qui n’a pas communiqué les noms des anciens combattants décorés, le chef de l’État les a offert en exemple à la Nation. « Il s’agit des trois vétérans qui restaient dans la cohorte des tirailleurs dont le retour a été célébré le 28 avril 2023 », souligne le journal.

Palais : Macky Sall honore trois tirailleurs (seneweb.com)

Sunday, January 07, 2024

  GRAND REPORTAGE

Neuf tirailleurs de retour au Sénégal

Publié le : 03/01/2024 - 20:00

Pour écouter, cliquez sur le lien RFI au bas de l'article

Écouter - 19:30

85, 88 ou 95 ans… Ces anciens combattants sont âgés. Ils sont neuf, tous résident à Bondy, en banlieue nord de Paris. Tous sont originaires du Sénégal. Ce sont les survivants de la 3ème et la dernière génération de tirailleurs qui ont combattu pour la France dans les guerres de décolonisation : l’Indochine et l’Algérie notamment. Le gouvernement français a pris une mesure qui leur permet de percevoir leur minimum vieillesse sans obligation de séjourner la moitié de l’année en France.Rediffusion du 16 mai 2023.

Yoro Diao, ancien tirailleur, entouré de ses petits-enfants. © Sylvie Koffi/RFI

Ils vont enfin pouvoir retourner dans leur pays d’origine. Sylvie Koffi a fait le voyage avec les neuf premiers à partir. 

"9 tirailleurs de retour au Sénégal", un Grand reportage de Sylvie Koffi.

En images

Maciré Sy fait partie des 9 tirailleurs sénégalais de retour à Dakar. © Sylvie Koffi/RFI

À Kaolack, les tirailleurs sont de véritables vedettes. © Sylvie Koffi/RFI

À Passy, à 25 km de Kaolack, la ville natale de Yoro Diao. © Sylvie Koffi/RFI

N'Dongo Dieng et Yoro Diao, anciens tirailleurs sénégalais. © Sylvie Koffi/RFI

Neuf tirailleurs de retour au Sénégal - Grand reportage (rfi.fr)

 

Mali: le monument aux héros de l’Armée noire, pour avoir une mémoire de bronze

Le monument aux héros de l'armée noire à Bamako, Mali.

Par Diemba Moussa Konaté (Bamako, correspondance)

Le 03/01/2024 à 13h03

 

Mali - Un monument pour l'"Armée noire"

 

Le monument des héros de l’Armée noire est un groupe monumental en bronze érigé à la fois à Bamako et à Reims en 1924 pour rendre hommage aux tirailleurs sénégalais qui ont défendu la ville de Champagne pendant la Première Guerre mondiale.

Majestueusement implanté entre la mairie du District de Bamako, la chambre de commerce et d’industrie du Mali et le ministère de l’Éducation nationale à la place de la Liberté, le monument des héros de l’Armée noire représente cinq soldats noirs devant lesquels se tient un soldat blanc.

Construite entre 1922 et 1924, le monument est un hommage de la France aux soldats de l’Armée noire morts au combat durant la Première Guerre mondiale. Elle porte une inscription «En témoignage de la reconnaissance envers les enfants d’adoption de la France, morts au combat pour la liberté et la civilisation».

Selon Sidy Lamine Koné, Directeur National Adjoint du Patrimoine Culturel, le monument aux héros de l’Armée noire contribue à l’embellissement de la ville de Bamako et constitue un témoignage vibrant de la participation africaine à la Première Guerre mondiale. Il a par ailleurs déploré le fait que beaucoup ne s’intéressent pas à l’histoire de ce monument et le confondent avec celui des sofas de Samory Touré.

Mali: le monument aux héros de l’Armée noire, pour avoir une mémoire de bronze | Le360 Afrique

Thursday, January 04, 2024

 

Le journal sénégalais SenePlus publie un article très intéressant dont les auteurs, les universitaires Michel Ben Arrous, Liora Bigon et Mame Thierno Cissé, disent eux-mêmes qu’il est un pari : faire connaître aux Sénégalais, dans le contexte international actuel, le poème de Nathan Alterman, un des rares témoignages de l’engagement militaire des tirailleurs sénégalais en Syrie en mai 1945.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, la Syrie est sous le régime d’un mandat international qui comprend également le Liban. Ce mandat est géré par la France depuis 1920, au nom de la Société des Nations. La France voulut en 1945 maintenir sa domination sur ce territoire et engagea deux bataillons de tirailleurs sénégalais dans une opération militaire à Damas contre les forces qui réclamaient l’indépendance. C’est un épisode oublié de l’histoire de ces soldats coloniaux.

Citons les auteurs de l’article : « Comment parler de poésie quand déferle la haine, quand chacun ampute de moitié sa capacité d'empathie, quand notre humanité commune se fait hémiplégique ? Nous voulions éviter que la publication d'un poème israélien ne soit prétexte à un regain d'invectives, de commentaires malveillants et d'inutiles passions.

Devions-nous différer indéfiniment sa publication ? Y renoncer ? Nous avons finalement fait le pari que non. La parole poétique pourrait bien être celle qui manque tant à notre époque, et à chacun,  pour rétablir du doute et de la nuance dans des certitudes trop rigides. »

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